Il est fréquemment évoqué l’idée que l’on pourrait s’inspirer du modèle start-up pour développer la croissance des TPE-PME… Le principe serait de reproduire dans une entreprise mature les qualités idéalisées des start-ups : agilité, rapidité de décision et d’exécution, engagement et motivation des collaborateurs… L’esprit start-up en somme… C’est oublier qu’il existe une différence substantielle entre une start-up et une organisation plus mature telle qu’une PME ou une ETI.
La première entreprise n’a pas encore trouvé son business model (ou modèle d’affaires) et n’a donc aucune activité historique ou alimentaire à protéger. Elle doit expérimenter, et donc prendre des risques, pour trouver le plus vite possible ses clients et son marché et prouver que à ses actionnaires que ses hypothèses sont valables. Elle doit aller vite car elle brûle du cash tous les mois. L’équipe se serre donc les coudes face à cette urgence et les initiatives de chacun sont les bienvenues.
La seconde organisation, ayant déjà trouvé son business model, est dans une autre phase. Elle a une activité historique alimentaire qui permet de payer les salaires à la fin du mois. Son objectif est de répéter son business model et de monter en puissance, tout en protégeant les activités existantes qui permettent d’alimenter la trésorerie. Pour peu que cette organisation doive donne de la visibilité renforcée à ses actionnaires, le management va préférer ne pas avoir de (mauvaise) surprise plutôt que de prendre le risque d’en avoir une bonne… La finalité d’un contrôle renforcé par le management est de renforcer la prévisibilité. Ce contrôle vient assez naturellement brider l’initiative et l’autonomie des collaborateurs, détruisant ainsi l’éventuel esprit start-up qui pouvait éventuellement perdurer… et réduisant trop souvent le sens partagé et l’engagement des collaborateurs…
Compte tenu de ces différences essentielles, il est naturel que les niveaux de prises de risques soient différents entre une start-up et une entreprise établie.
Alors tout est perdu ?
Pas complètement… Il est possible pour le management d’une PME (ou d’une ETI) de créer un environnement propice à l’expérimentation et à l’apprentissage, très caractéristique des start-ups :
- communiquer une vision inspirante permettant de donner du sens et d’aligner les initiatives;
- encourager les collaborateurs à remettre en question leurs croyances et assomptions;
- fournir un environnement dans lequel les collaborateurs se sentent autorisé à expérimenter et à éventuellement rencontrer un échec (après avoir préalablement défini les limites du risque acceptable);
- promouvoir l’apprentissage par l’expérimentation collective.
Ces dispositions rendent l’entreprise plus agile et plus apprenante, et la rapproche en cela de la start-up… tout en conservant l’avantage d’avoir une activité récurrente qui génère de la trésorerie. Nous accompagnons des entreprises qui tendent vers un tel fonctionnement, et il est fascinant d’y constater le haut niveau d’énergie présent parmi les collaborateurs…
Et vous, quelles sont vos expérimentations dans ce domaine ? Avez-vous des suggestions ou des bonnes pratiques à partager ?